Les dénonciations dans ses écrits sont parmi les rares fenêtres pour rendre visibles la situation en Colombie, tant pour le peuple colombien lui-même que pour la communauté internationale.

Alfredo Molano a analysé la récente controverse autour du détournement des fonds du programme gouvernemental « Agro Ingreso Seguro" (AIS), financé par l’Institut Interaméricain de Coopération Agricole (IICA), et a déclaré qu’il s’agit là d’un « programme ploutocrate qui profite à l’accumulation de profit par les riches ».

« En dépit du fait que les lois pour faciliter la réforme agraire ont été votées, en Colombie, il n’y a jamais eu une véritable réforme agraire. La Concentration des terres est en hausse à des niveaux scandaleux », a souligné l’activiste, qui est né dans la campagne colombienne.

En une seule décennie (de 1990 à 2000), tandis que plusieurs personnes discutaient les traits caractéristiques que la réforme agraire pourrait prendre », les trafiquants de drogue étaient en train de s’approprier cinq millions d’hectares, et ce chiffre continue d’augmenter », a déclaré Molano, pour qui cette concentration des terres et déplacement est le fondement de la violence en Colombie.

De cette façon, les fonds de l’AIS, qui étaient initialement destinés à l’aide sociale pour les travailleurs ruraux, ont fini par devenir des subventions au profit des propriétaires de grands terrains qui sont aussi derrière la campagne pour la continuation du pouvoir d’Alvaro Uribe.

Un élément clé a été le financement des groupes paramilitaires, dont on revendique le démantèlement, quand bien même cela ne coïncide pas avec la situation grave subie par les communautés colombiennes.

Les dommages environnementaux : juge et jury

Alfredo Molano a aussi parlé des nouveaux micro et mega projets, qui à travers l’agro-industrie, les agrocarburants, l’exploitation minière, "l’éco-tourisme » ou l’extraction d’hydrocarbures menacent les ressources naturelles du pays latino-américain et de ses communautés rurales.

Ses logiques sont aussi clairs que scandaleuses : si une entreprise hydroélectrique décide de s’installer dans le pays, c’est cette société qui effectue l’évaluation de l’impact environnemental, et qui rédige les conditions pour obtenir un permis, se substituant ainsi à la souveraineté de la Colombie avec sa soif de profit, a dit Alfredo Molano.

Un autre élément de préoccupation est l’appropriation privée des plages naturelles par le tourisme et les consortiums d’éco-tourisme " une nouvelle façon ploutocrate d’accaparement des territoires.

Alfredo Molano a également fait référence aux bases militaires étrangères présentes en Colombie. « Ces bases ciblent Venezuela, en premier lieu, et aussi l’Amazone. Nous tenons à remercier nos frères et sœurs d’Amérique latine pour la solidarité dont ils ont fait preuve à notre lutte contre ces bases honteuses ", a conclu Molano.

Photo : http://naropapax.wordpress.com/